Habitué à déménager très jeune, j’ai vite compris que les lieux sont habités d’une multitude de phénomènes . Des mémoires agglutinées dans les murs, des secrets planqués dans les recoins du grenier, des présences ricanant dans les placards. Des ondes partout, des endroits où l’on se sent à la maison, et d’autres qu’on veut fuir sur le champ…
Années 90 : début de ma « carrière photographique ». Au cours de mes premiers voyages en tant qu’assistant photo, j’ai savouré la joie de découvrir des cultures, des gens et des lieux différents. Au contact d’esprits inconnus et de présences invisibles, mes perceptions se sont ouvertes à des univers plus vastes. De l’hôtel hanté par un fantôme espiègle dans les fjords de Norvège, à la rémanence d’une vie antérieure dans un palace du Rajasthan saturé de mémoires sans âge; j’ai aussi vécu l’expérience du voyage temporel à Séville, dans un hôtel construit sur un terrain au passé trouble et chargé. Petit à petit j’ai pris conscience que mon job m’envoyait régler bien des karmas ici et là, comme autant de voyages guidés par une force invisible.
Par ces hasards de la vie, c’est en Bretagne qu’une joyeuse bande de druides m’a initié au langage de l’invisible. Je n’avais pas trente ans quand, admis pour un temps dans leur cercle, ils m’ont ouvert à la radiesthésie et à la géobiologie classique. Rituels, pendule, baguettes coudées, échelle de Bovis et radionique… Je pouvais enfin mettre des mots sur mes ressentis et les classifier. Mes croyances furent secouées comme par un coup de shaker géant.
Début des années 2000 : Fort de mes nouvelles capacités, j’ai emménagé dans un appartement parisien dans le 14ème, sous les toits, pour y entreprendre une véritable fouille archéologique des strates de mémoires qui me narguaient du parquet au plafond. Jusqu’à arracher la moquette et gratter le moindre recoin de l’appartement. J’y ai vu des démons lubriques danser à l’intérieur des murs, des ombres glacées me réveiller la nuit. J’ai ressenti la peine et la souffrance d’une femme décédée dans cet appartement dans les années 50. Afin de libérer son âme repliée dans un coin du salon. J’ai compris que bien d’autres y avaient souffert avant elle, comme si ce lieu attirait la même histoire en boucle. Me croyant plus fort que ces intrus désincarnés, j’ai joué à l’apprenti sorcier pour les virer de chez moi. En vain, c’est moi qui suis parti. Pendules et baguettes au placard, après un clash avec ces druides et leur vanité.
Les années suivantes, en m’installant à Montmartre, ma chère colline du Sacré Coeur, j’ai vécu un regain d’enthousiasme dans mon activité de photographe. Des instants de grâce, des moments d’équilibre parfait. Mes ressentis n’avaient pas disparu pour autant. De plus en plus souvent, certains lieux m’appelaient à l’aide. Comme une chambre d’hôtes à rééquilibrer dans le Périgord, un hôtel du Luberon à libérer de présences indésirables ou mes nombreuses chambres d’hôtel en reportage… Je ne cherchais rien, ça s’imposait à moi pour prendre de plus en plus le pas sur mon job. J’ai donc ressorti ma paire de baguettes et mon pendule.
2008 : Lors d’un séjour au Chiapas (Mexique), j’ai eu la chance de voyager entre les mondes au cours d’une cérémonie à l’Ayahuasca, guidée par le chamane David et ses deux acolytes Jerusha et Saïdé. J’ai vu et vécu sans équivoque ces autres réalités dont j’avais l’intuition depuis des années. Cette expérience fût si extraordinaire qu’il m’est impossible de la décrire avec les mots. Le face à face avec moi-même et la rencontre d’entités lumineuses et d’esprits animaux dans ces univers vibrants a dégommé toutes mes idées reçues. Une véritable mise à jour de mes croyances limitantes. Il m’a ensuite été de plus en plus difficile de composer avec le rationalisme dominant et sarcastique de mon milieu professionnel. Dès lors, j’ai vécu dix ans de tiraillement « entre les mondes ».
2015 : Adieu Paris! La porte grande ouverte sur le chemin qui m’appelait depuis des années, j’ai emménagé à la campagne. J’ai repris mes baguettes pour participer à des ateliers de géobiologie, de radiesthésie. Intégrer de nouveaux outils et pratiquer.
2019 : Rupture conventionnelle avec le magazine qui m’employait. 8 mois de négociation pour accepter que je n’étais qu’un pion sur l’échiquier egotique du milieu de la presse. Fin de la grande illusion, signez là et basta! Je me suis offert une ultime formation en Géobiologie (plutôt une validation de mes compétences selon mon formateur). Et dans la foulée, j’ai rencontré une nouvelle famille d’âmes dans le Loiret, pour apprendre la Radiesthésie Holistique, à la manière d’une formation continue.
Et tout s’est éclairé. Je me suis souvenu des nombreuses rencontres qui ont ponctué ma vie, de tous mes échanges d’expériences et de connaissances avec des médiums, des guérisseurs, des magnétiseurs (aussi des mythomanes et des imposteurs) placés sur mon chemin depuis longtemps. Les druides bretons, un medicine-man amérindien, un magnétiseur brésilien, des « curanderos » mexicains, un sage bienveillant en Grèce, et bien d’autres rencontres hautes en couleur…
Ma meilleure formation est la vie, c’est l’expérience qui enseigne le mieux .
« Passeur » selon certains, je me reconnais comme « éclaireur ».
Franck Eclair